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Opus Eponymous, le premier album de Ghost |
Sur scène, une silhouette revêtue d'un drôle de smoking se déhanche gracieusement. Assiste-t-on à un show de dark cabaret ? Au spectacle d'un crooner vieillissant ? Si l'on en croit le fidèle Wikipedia, pas du tout : on écoute du « doom metal aux sonorités hard rock 70ies ». What the fuck me direz-vous. Et vous auriez raison ! Ghost est un groupe (originaire de Suède) particulièrement frustrant. Comment voulez-vous classer ces ouistitis ? Leur tenue au style satanique et l'instru lourde jurent au premier abord avec la clarté de la voix de Papa Emeritus, le chanteur. « Je m'attendais à autre chose », lit-on dans les commentaires Youtube ou Deezer. Moi aussi, je m'attendais à autre chose. Mais je n'ai pas été déçu du voyage, bien au contraire.
Ghost est constitué de cinq musiciens masqués, les « goules sans nom », et d'un chanteur grimé en anti-pape. Le tout fait semblant de se dire luciférien, et chaque morceau a peu ou prou à voir avec le Démon. D'eux, Hetfield (Metallica) dit qu'ils sont une "bouffée d'air frais". Yes, my dear. Perso, je les ai découverts avec Year Zero (voir plus haut), un hymne à Satan. L'ancien goth « treau ténaibrr LOL » en moi a trouvé ça pas mal. Bien, mais pas top, comme on dit par chez moi. La révélation est arrivée après avoir écouté une version live. Ghost est un de ces groupes qui parviennent à magnifier leurs morceaux lors des concerts. Et puis j'ai pris goût à la plupart de leurs tracks (issus de 3 albums). Avec son premier CD, Ghost posait les fondations de son genre. Des titres mélodieux, une jolie voix ensorcelée et des lyrics faisant l'éloge de Lucifer. Elizabeth, Ritual, Con Clavi con Dio sont autant de morceaux qui bougent, et qui régalent le public lors de leurs lives. Le second, Infestissumam, continuait dans ce sens, et proposait des pistes parmi les plus appréciées à l'heure actuelle : Year zero ; Monstrance clock, Per aspera ad inferi. Et le 3eme va bien plus loin dans la qualité d'écriture et la diversité des influences.
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Les goules font un excellent boulot, et plus les années passent et plus Papa assure. S'il se contentait de remuer les mains en plus de chanter lors des premiers temps, le voilà qui entre deux morceaux (ou au beau milieu de l'un d'eux) harangue, plaisante, taquine, provoque ; c'est par moments quasiment du one-man show. Le bougre cabotine à tout va ! « Chantez avec moi ! » commande-t-il lors du refrain de Jigolo Har Megido, « I am the one lascivious » entonne la foule. « Je sais que c'est un mot difficile, mais allez ! » » continue-t-il avant d'asséner un mordant « maintenant c'est le moment de la fermer » lorsqu'il clot la chansonnette.
Depuis peu, le groupe a opté pour une tenue plus sophistiquée. Les goules portent un costume noir cintré, un masque à cornes toute en élégance tandis que Papa revêt après la moitié du spectacle un habit bien curieux, sorte de redingote de luciférien décadent. Ses gestes sont étudiés, toujours très théâtraux, parfois presque naïfs, comme lorsqu'il se gratte pour symboliser la métaphore de l'homme égal des poux. Ghost propose quasiment à chaque live des morceaux acoustiques (Zombie Queen, If you have Ghost, Jigolo Har megido) qui viennent enrichir le tableau. Si d'aventure vous avez envie d'écouter quelque chose qui ait du punch sans être trop violent, ou de de vous convertir au satanisme, vous savez quoi faire ! Aux dernières nouvelles, Ghost remportait un Grammy Award dans la catégorie « best metal performance ». Grammy qui a fait grincer quelques dents ("Ghost say pas du metal laule"). Sérieux, vous faites quoi encore sur cet article ? Allez sur youtube !
Quelques morceaux supplémentaires recommandés :