 |
| Louis LE BRETON, « Crapauds dansant au Sabbat », ill. pour Jacques COLLIN DE PLANCY, Dictionnaire Infernal, 1863. |
Il y a aussi une autre pierre qui s’appelle Borax ou Stelon […],
qui se trouve […] en la teste de vieux & grands crapauds […].
On escrit qu’elle resiste aux venins, & qu’elle est souveraine pour le calcul.
-
Pierre BOAISTUAU
Les Histoires prodigieuses (1576)
Une main saisit le crapaud
Attiré là par un appeau ;
La chasseresse est à la fête
(C’est le plus gros qu’elle ait trouvé) :
Elle se saisit d’un pavé
Et sprotch ! lui écrase la tête !
« — Tu vois quelque sose dedans ? »
(Ça siffle ; il manque au moins six dents
À la petite voix avide :
La fée, un soir, les lui a pris !)
L’autre triture les débris
Du bout d’un bâton. « — Non, c’est vide… »
La chasseresse, c’est Marion,
Qui soupire de déception ;
L’édentée, c’est Henriette
(L’une a onze ans, et l’autre neuf).
L’horrible chasse aux crapauds bœufs,
C’est le hobby de ces fillettes...
C’est que de pareils amphibiens
(Les plus gros, on s’en doute bien)
Portent parfois dans leur cervelle
Une pierre qui rend bénin
Même les plus violents venins
— De vieux grimoires le révèlent.
Dès longtemps, Henriette et Marion
La veulent en leur possession.
« — Vous n’en feriez rien, les copines ! »
Dit pour se moquer un passant ;
Marion répond, en grimaçant :
« — Vous mangez pas à la cantine ! »
Juin 2016.
~ Du même auteur, sur Faunerie : 12 décembre 2012 ; 29 mai 2014.
~ Du même auteur, en librairie : Julien NOËL, Contes du sabbat et autres diaboliques amuseries, préface de Marc-Louis QUESTIN, Brest, éd. Stellamaris, 2015, 92 p. {ISBN : 978-2-36868-240-1} [Commander via l'éditeur.]