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Carnivaise, de Chloé Ganiayre-Fontanille

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Chloé fait partie des gagnants du concours Noir, lancé deux mois plus tôt, dans la catégorie "écriture". Il faut bien l'avouer, la jeune femme maîtrise très bien ce medium. Vous pouvez retrouver le poème qu'elle a soumis pour le concours ici. Elle m'a envoyé de nouveau un texte, et cette fois, je le fais partager dans un article à part entière. Le tout est poétique, ambigu, et teinté d'érotisme. L'auteure s'est présentée ainsi :

"On ne sait pas si Chloé Ganiayre-fontanille s'éclaire à la bougie, porte des corsets et écrit à la plume d'oie tellement elle semble être possédée par les auteurs et l'ambiance du XIXe siècle. Le macabre est sa passion, elle aime rendre fous ses personnages dans une écriture précise des sentiments qu'elle dissèque aussi sur son piano droit sous le pseudonyme Chloé Cassandre..."

Nu allongé, Gaston Bussière

Carnivaise

Elle est arrivée là, sans rien dire, bien sûr. Je n’avais pas prévu, prévu qu’elle me ferait tant d’effets. Je sais bien que je ne dois pas. Mais maintenant qu’elle est là,allongée. Princesse du XIXe siècle. Des pieds fins, joints de chevilles de demoiselle, comme ceux d’une nymphe caressant l’onde. Des bas de flanelle qui finissent par cercler ses cuisses encore rondes de jeunesse et de vitalité. La Morphine et la codéine sont mes premières héroïnes, voici la troisième grâce devant mes yeux. Je l’imagine dansant nue sur une Carnivaise à l’ancienne. Son jupon balayé à ses pieds, qu’elle repousse gracieusement. Ses bras la mènent au ciel, elle se laisse totalement aller à la valse, carnivore enfant, je baiserai ce jupon et ses pieds pour que l’éternité de cet instant dure comme cet entrejambe gênant. La morphine agit dans mon sang, heureusement. Ne pas me jeter trop vite sur elle, tel un loup-garou excité par la pleine lune apparaissant à la fenêtre, suave, quelques nuages l’embaumant d’un tulle de nuit. Je ne sais plus qui je regarde, tant ses deux féminités m’éblouissent.
J’ai cru entendre son prénom, Pandore, dans un souffle.
« Au pays des morts, Pandore, Pandore, tu nous a mené. La toile nacré de la Souffrance, de la boite en or, Pandore, Pandore, a laissé échapper. Lilith babylonienne, obéissante chienne, où sont passées ta vertu, ta discrétion. Laisse-nous vivre, Pandore, Pandore. Que fais-tu, ce geste ! Pour régaler ta curiosité, nous révéler à l’abime de la Raison. La fantaisie enfouie au plus profond du Royaume ». 

Une muse me faisant m’envoler poétiquement, j’éprouve encore le plaisir unique de la contempler, encore quelques moments de silence. Me laisser l’imaginer me faire une danse macabre, Lazaréenne ravivant par sa simple vue, par son corps si parfait, une érotisation saugrenue. Puis s’endormir à jamais, sa tête penchée contre un fauteuil de fer forgé, une plume de Paon échappée du vase sur le guéridon, pose éternelle d’une photographie. Yeux fermés, nuque tendue, offrande, délice de peau laiteuse retenant dans sa tension l’épaule délicate, d’où sa bretelle de corsage a glissé. Il lui reste une longue boucle d’oreille ; détails infimes où je me perds, me remémorant des mondes oubliés, d’atlantides arabesques. Si froide à mon intrusion dans son divin palais, je prends le plaisir fou d’exploser en elle.

Non, Déjà l’Aube, déjà l’Au revoir. Je dois reprendre son autopsie.

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