(Ballade à l’écossaise, d’après l’œuvre éponyme de Luis Ricardo Falero.)
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| Luis Ricardo FALERO (1851-1896), La Sorcière en retard, date inconnue. |
Sur son balai, sur son balai
Sur son balai fendant la brume,
La sorcière s’en allait,
Volant, pas plus lourde que plume,
À un mont en forme d’enclume,
Car le sabbat, car le sabbat
Annuel se tenait là-bas,
Suivant une antique coutume.
Mais la pauvre était en retard
Et se perdait dans le brouillard…
Depuis un an, depuis un an,
Depuis un an, sa patience
Souffrait d’attendre le moment
Où elle montrerait sa science,
À l’entame de la séance
(C’était ce soir, c’était ce soir
Qu’elle présentait ses devoirs
Et démontrait ses compétences.)
Mais la pauvre était en retard
Et se perdait dans le brouillard…
Experte en sorts, experte en sorts,
Experte en sorts et maléfices,
Elle se voyait en son for
Déjà exceller dans la lice
Où l’on testait chaque novice :
« Car je me sais, car je me sais,
Au moins l’égale de Circé,
Je vais bluffer les spectatrices ! »
Mais la pauvre était en retard
Et se perdait dans le brouillard…
Songeant soudain, songeant soudain,
Songeant soudain qu’étant maîtresse
Des démons du lac, les ondins,
Ils se devaient, par leur promesse,
D’ouïr son appel de détresse :
« Bons protecteurs, bons protecteurs,
Changez-moi en eau la vapeur ! »
— Et la brume devint averse.
Elle demeurait en retard,
Mais sortit au moins du brouillard…
Juillet 2016
~ Du même auteur, sur Faunerie : 12 décembre 2012 ; 29 mai 2014 ; 4 octobre 2016.
~ Du même auteur, en librairie : Julien NOËL, Contes du sabbat et autres diaboliques amuseries, préface de Marc-Louis QUESTIN, Brest, éd. Stellamaris, 2015, 92 p. {ISBN : 978-2-36868-240-1} [Commander via l'éditeur.]